Avec le projet Grands retournements, présenté en mars 2014 à la Galerie Joyce Yahouda de Montréal, Michel Boulanger sollicite la capacité du visiteur à prolonger mentalement l’espace réel où il se trouve vers un lieu graphiquement constitué. Il s’agit d’une expérience immersive dont le dispositif à la fois détaillé et rudimentaire ne cherche pas à faire parfaitement illusion. Il invite plutôt à s’interroger sur cet instant où l’intellect consent à s’approprier un simple tracé linéaire en tant qu’espace réel, où l’abstraction des volumes déréalisés par la transparence de la ligne appelle à une nécessaire ouverture de l’esprit, voire à l’abandon pour que l’illusion opère.
Sur les murs noirs de la salle, un réseau foisonnant de lignes vectorielles blanches tend à reconstituer, bien que très schématiquement, l’intérieur d’un bâtiment de ferme aux allures industrielles. Au centre de la pièce, un assemblage de parallélépipèdes formé de branches d’arbres se déploie du plancher jusqu’au plafond, cherchant paradoxalement à nier sa réalité physique pour mieux se faire dessin. Les images qui composent cette installation décrivent les lieux et les équipements aménageant l’intérieur d’une ferme laitière. Le visiteur rencontrera pourtant un objet perturbant la logique de cet espace fortement rationalisé. Il s’agit ici de s’immerger dans l’étrangeté de ces espaces agricoles industriels destinés à la culture du vivant.
With the Grands retournements project, Michel Boulanger appeals to the visitor’s capacity to mentally extend the real space in which one finds oneself into a graphically composed place. This is an immersive experience in which the rudimentary yet detailed setting does not try to create a perfect illusion. Instead, it invites one to wonder about the moment when one’s intellect accepts a simple line drawing as real space, when the abstraction of volumes, deconstructed by the transparency of line, calls for a necessary opening up of the mind, indeed even a state of abandon in order for the illusion to work.
On the black walls of the gallery, a network creating a profusion of white vector lines seems to make up, although very schematically, the interior of an industrial-looking farm building. In the centre of the room, an assemblage of parallelepipeds composed of tree branches that reach from the floor to ceiling, paradoxically attempts to deny its physical reality in order to seem more like a drawing. The images that make up this installation describe the layout and equipment found in the interior of a dairy farm. Nevertheless, the visitor will encounter an object disturbing the logic of this highly rationalized space. In the context of contemporary agriculture, it is a matter here of being immersed in the strangeness of these industrial farm spaces used for raising animals.
Collaborateurs | Collaborators:
Appui à la production | Production Support : Maxime Bastonnais
Soutien technique | Technical Support : Hexagram-UQAM
Photo : Guy l’Heureux
Michel Boulanger remercie le FQRSC, Gouvernement du Québec, et le Programme d’aide financière à la recherche-création de l’UQAM et la Galerie Joyce Yahouda.
Michel Boulanger thanks the FQRSC, Government of Quebec, PAFARC UQAM program, and Joyce Yahouda Gallery.